Notre véhicule devant être changé pour cause de vieillesse, mon épouse et moi avons été faire les concessionnaires.
Premier épisode : l'achat.
Premier garage, celui de la marque P (nous ne donnons pas de noms pour ne pas faire de mauvaise publicité).
Grand hall avec plein de voitures rutilantes et des messieurs bien mis avec cravates et tout, posés dans des sortes de bocaux en verre devant des ordinateurs. Nous les voyons tous, mais, anomalie du principe du retour inverse de la lumière, aucun ne nous voit. Au bout de quelques minutes je m'apprête à sortir (je ne veux surtout pas les obliger à vendre ) quand mon épouse va dans un bocal et demande si on peut acheter une voiture. Le monsieur à cravate se lève, dit que oui, bien sûr, sort et va en chercher un autre tout pareil, lequel nous fait le baratin standard minimal, pressé de nous voir partir, ce que nous faisons rapidement.
Deuxième garage, chez F.
Là, nous sommes reçus tout à fait correctement et au 3è bureau, on nous explique tout. Comme on ne nous montre pas de voiture, on finit par sortir.
Troisième garage, chez C.
Là, on tombe sur un petit jeune, style vendeur de choc, à l'incontinence verbale manifeste. Au bout d'une demie heure, on en est à la troisième réduction, la quatrième est en attente. On a le droit de voir les tutures, on nous en prête même une, histoire de rentrer casser la croûte. Nos oreilles bourdonnent.
L'après midi, on va voir un garagiste conseillé par un copain, qui est aussi mandataire, c'est à dire qui vend la même chose à 25 % ou 30 % en moins. Très bon accueil. Il nous imprime 3 devis.
Le lendemain, on va quand même voir notre garagiste habituelle de la marque R. C'est un petit garage sérieux. Le représentant de R est présent et finit par nous faire une offre. La garagiste nous regarde : alors, messieurs-dames, qu'en pensez-vous ? Elle s'étonne de notre air peu convaincu. On lui explique qu'on a bien moins cher, on lui montre le devis. Aussitôt, tous deux poussent des cris d'orfraie : mais cette voiture, on ne sait pas d'où elle vient, gna gna gna, gna gna gna.
Finalement, la garagiste dit au représentant : il faut faire quelque chose pour ces messieurs dames.
Bon, ça vient, qu'on se dit.
Alors, miracle, ils nous dégottent une voiture neuve quasiment au prix de celle du mandataire, avec une bonne reprise de l'ancienne. On leur dit qu'ils auraient pu commencer par là au lieu de nous amuser.
Silence.
On signe et on verse un acompte.
Deuxième épisode : la livraison.
Avant d'aborder la suite, il faut préciser que ce véhicule est déjà immatriculé et attend sur un parking. Il a 10 km. La livraison est prévue début juin.
Le jour dit, on apprend que le camion chargé de la livraison est bien parti mais n'est toujours pas arrivé. Pareil les jours suivants. On a du mal à comprendre. Le camion doit faire du tourisme.
Finalement, on doit en prendre livraison le 19 juin. Et là, patatras ! Arrive un orage, avec de la grêle. 350 véhicules sont cabossés sur le parking de R. La grêle n'était pas programmée, il n'y avait pas de protection pour les véhicules. Experts, assurances, réparations : on attend donc.
D'abord on nous dit que notre véhicule est à peine touché. Puis il faut changer le capot. Mais il n'y a plus de capots chez R.
Au bout d'un mois, notre garagiste s'impatiente, récupère les véhicules de ses clients et les répare. Sauf que … toujours pas de capot.
Deux ou trois semaines plus tard, le capot finit par arriver, mais il manque encore d'autres pièces. On attend.
Enfin, début août, miracle : le véhicule est disponible. On vient le chercher aussitôt.
Juste un petit détail : la voiture ne démarre pas, il nous faut la pousser jusqu'à la pompe, le réservoir était vide !
Troisième épisode : le paiement.
On sort le carnet de chèques. La garagiste ne veut pas de chèque. Elle nous demande d'effectuer un virement dès que le chèque qu'elle nous a remis pour la reprise de l'ancien véhicule aura été encaissé : elle nous connaît et nous fait confiance.
Nous partons malheureusement aussitôt à la campagne dans le département voisin.
Là, je réalise que ma banque, appelons la la banque P, toujours dans un but de discrétion, limite les virements à 3000 €. J'appelle ma garagiste et lui explique la situation. Elle me dit alors de lui envoyer un chèque de banque (payant). Je vais au bureau de poste de L, explique mon problème et demande d'abord si le bureau de poste peut effectuer le virement. L'employée me dit que oui, que le conseiller financier effectuera l'opération le lendemain matin. Je remplis le formulaire ad-hoc et ressors, content que tout soit fini.
C'était sans compter avec les limites départementales.
Le lendemain matin, un samedi, coup de fil du bureau de poste. L'employée vue la veille (le conseiller financier n'ayant sans doute pas eu le courage de nous appeler) dit que le virement n'est pas possible car mon compte dépend du centre de Lyon et ici, ça dépend du centre de Clermont-Ferrand.
Oui, vous avez bien lu : ma banque fonctionne comme sous l'Ancien régime, avec des frontières, des limites, des us et coutumes peut-être.
Bien. J'essaye de rappeler la poste : peine perdue, le téléphone ne fonctionne que dans un sens. Je suis vraiment naïf : il ne manquerait plus que ça, que le client (oui, l'ancien usager du service public n'existe plus) juste bon à apporter son argent puisse réclamer ou même se renseigner (ça dérange le personnel qui doit rentabiliser à outrance, alors le client, vu qu'en plus il n'apporte pas d'argent, qu'il se débrouille) !
J'informe ma garagiste des dernières péripéties. Elle prend ça avec un grand calme.
J'essaie alors de contacter mon centre financier à Lyon. D'abord un petit message par internet. Pas de réponse. Puis au téléphone : je tape le 1, puis mes codes, attend avec cette belle et inimitable musique propre à la Poste, puis ça coupe. J'essaie trois fois, pas plus sinon ma tension va monter face à ce foutage de gueule.
Le lundi (ce matin), je retourne au bureau de poste de L. Les deux employées présentes essaient de faire ce qu'elles peuvent. Impossible d'effectuer un virement, impossible d'avoir un chèque de banque. Seule solution : passer du centre de Lyon à celui de Clermont-Ferrand, effectuer le virement, puis, à partir d'un bureau de poste situé de l'autre coté de la frontière, revenir par la suite au centre de Lyon. Chose dite, chose faite : on remplit les formulaires, l'employée ira le lendemain au bureau de poste de B, ville située à une trentaine de km, verra le conseiller financier, etc.etc.
Le virement devrait se faire vendredi.
S'il y a une suite, je vous tiendrai au courant.